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Acim Asia

L'esprit de Noël aux Philippines / Christmas, the filipino way

Dernière mise à jour : 4 mars 2022

!!ENGLISH TEXT BELOW!!



Alors qu’en Europe, les communautés chrétiennes se préparent à la belle fête de Noël dans le froid et parfois la neige, alors que la majorité est affairée à préparer les cadeaux de Noël et à choisir quel sera le menu, à l’autre bout du monde, aux Philippines, l’esprit de Noël est tout autre : on se prépare à la naissance de Jésus dans la pauvreté : la préoccupation des cadeaux n’existe pas, le riz quotidien et par chance du poisson constituera leur repas de fête. Mais la joie demeure : elle est plus grande et plus pure, comme nous l’explique ce témoignage sur la préparation de Noël aux Philippines… Il est écrit par Yolly E. Gamutan, infirmière et secrétaire de l'ACIM ASIA aux Philippines.


La dévotion au Saint Enfant Jésus (Santo Nino, équivalent de l’Enfant-Jésus de Prague) est la dévotion la plus ancienne, transmise aux Philippins par les Espagnols. La séparation géographique ainsi que les différences culturelles rendaient ces clans tribaux et païens très méfiants les uns envers les autres. En recevant la Foi catholique, ils se sont unis à Dieu et à ses commandements et ont abandonné les guerres, la piraterie, la sorcellerie, et les superstitions païennes pour aller vers la paix et le progrès. Une certaine unité a remplacé le tribalisme et le régionalisme après la conversion au christianisme. La statue du Santo Nino, donnée par Magellan lors du baptême des premiers convertis philippins, est devenue un symbole fort et unificateur. Année après année, les gens simples s'agenouillent devant lui pour lui présenter leurs besoins spirituels et matériels. Ils reconnaissent toutes les bénédictions qu'ils Lui doivent. Bien que la fête du Santo Nino soit célébrée de façon grandiose dans différentes parties du pays, à l'occasion de l'Epiphanie ou à d'autres dates, il y a une date commune à laquelle tous les Philippins le fêtent ensemble : c’est Noël.

Comme saint Joseph et la Sainte Vierge Marie se sont élancés dans le long et pénible voyage vers leur terre natale de Bethléem avant la naissance du Christ, et comme les trois Rois Mages ont suivi son étoile pour lui rendre hommage en tant que Roi de tous les rois, les Philippins, dispersés dans différentes îles et régions de l'archipel, et au-delà des océans dans des pays lointains, commencent à organiser leur retour au pays pour rejoindre leurs familles, à chaque fête de Noël, en prévision de la naissance du Sauveur.

L'appel du pays commence à résonner dans leurs cœurs au milieu de l'été, quand chaque Philippin, père ou mère, enfant ou étudiant, fatigué, repense aux raisons du labeur quotidien. La plupart d’entre eux, dont beaucoup d’expatriés, font de gros sacrifices pour leur famille.

Septembre rime avec décembre (la période de Noël débute très tôt aux Philippines) et apporte l’espoir du retour aux valeurs et traditions philippines. Les conflits vont se résoudre, le pardon sera reçu, l'amour va être prouvé et la paix retrouvée parce que le Prince de la Paix va naître. Les régions ravagées par les insurrections communistes et le terrorisme islamique connaîtront un cessez-le-feu. Les terres ravagées par les typhons et les inondations seront nettoyées et ornées de la belle et simple crèche pour refléter le bonheur de la Sainte Famille dans la pauvreté. La douceur du Saint Enfant se retrouvera dans l'obéissance filiale des enfants, la générosité des Mages dans la charité des riches. Et la joie et la paix seront partagées par tous.

Contrairement à une idée reçue, les Philippins ne fêtent pas Noël en septembre, mais s’y préparent avec enthousiasme, tout comme ils se préparent à la fête du Santo Nino onze mois à l'avance. Les Philippins savent bien que Noël est le 25 décembre ; néanmoins, l'Espérance fait entrer l'avenir dans le présent et rien ne peut dissiper la joie anticipée des grâces de Noël.

Les Philippins s'émerveillent devant la Nativité : le Roi tout-puissant du ciel et de la terre se joint à la pauvreté de ses indignes créatures ! Il quitte sa gloire non seulement pour naître au milieu de la misère mais aussi pour souffrir et vivre avec les pauvres et ensuite mourir pour les sauver et les amener dans son Royaume éternel. La naissance du Sauveur émerveille encore plus les Philippins que sa Résurrection. Si les chefs de l'Eglise n'avaient pas essayé de freiner les pratiques philippines de crucifixions et d'auto-flagellations lors du Carême, les joies prolongées et anticipées de Noël auraient été équilibrées par les grandes mortifications du Carême. Mais les sacrifices du Carême ont été arrêtés et il ne reste que l'exubérance de Noël.

Depuis une vingtaine d'années déjà, les fonctionnaires tentent de l’atténuer en interdisant les chants avant le 16 décembre, date du début de la Misa de Gallo (neuvaine de messe précédant Noël et débutant très tôt dans la nuit). Mais cette interdiction n'est observée que dans les bâtiments et les institutions publiques. Les petits enfants, les mendiants et les fidèles commencent encore à chanter des chants de Noël à partir du 1er septembre et reçoivent, de la part des chrétiens charitables, des dons en argent ou en nourriture. Des lanternes, des arbres et des cadeaux de Noël sont exposés dans les marchés et les magasins. Des chants de Noël sont chantés pour rappeler aux gens que leur richesse n'est rien s'ils ne peuvent pas aider les pauvres ou s'ils ne peuvent pas restaurer leurs relations avec Dieu et avec leurs semblables.

Une fois, alors que des enfants pauvres jouaient leur théâtre de la Nativité, il y avait un Européen dans le public. Il se demandait pourquoi les anges étaient si heureux en chantant la naissance du Sauveur dans la pauvre étable. Il ne pouvait pas comprendre la joie des enfants car, disait-il, le Noël original était un événement triste. Mais les enfants jouant les anges étaient très pauvres. Leurs familles n'avaient pas de maison. La simple vue de la naissance du Sauveur dans une petite mangeoire leur faisait aimer Jésus encore plus : Il partageait leur propre misère. Il est vraiment "Dieu avec nous", Emmanuel. Ils imaginaient les anges célestes chantant "Gloria in excelsis Deo" avec joie le Messie venant enfin sauver leurs familles à problèmes des querelles et difficultés matérielles. Ce ne sont pas les lumières de Noël bon marché, les arbres en plastique et les divers gâteaux de riz qui rendent les Philippins joyeux à Noël mais la venue du Sauveur qui a prêché le pardon et l’esprit de pauvreté. C’est également l'attente de retourner à Dieu et de pratiquer leur Foi avec les proches, frissonnant avec eux dans la brume de l'aube pour se frayer un passage sur le chemin boueux menant à l'église durant les 9 jours précédant Noël. La prière commune, le pardon et la miséricorde, le partage d’un simple repas de réconciliation, renouvelant l'harmonie entre la famille et Dieu, donnent une joie réelle qui illumine les cœurs dès le mois de septembre.

La pauvreté de la crèche n'attriste pas le Philippin, mais elle lui apporte la paix de Dieu. Même dans les tragédies, après les typhons et autres épreuves qui assaillent chaque année de nombreuses régions du pays, les Philippins trouvent encore la joie de chanter des chants de Noël, de grignoter des nouilles chaudes et de manger du riz aux sardines, à condition de pouvoir venir à la Misa de Gallo, de marcher dans les rues qui scintillent de lumières menant à la crèche, et de chanter de tout leur cœur après la messe de Noël : « Joie sur le monde, le Seigneur est venu ! Que la Terre reçoive son Roi. Que chaque cœur lui prépare une demeure ! Et que chantent Ciel et Terre ! »

Le monde occidental reconnaît particulièrement la divinité du Christ lors de sa résurrection. Le Philippin la reconnaît à travers la Nativité, s'identifiant aux pauvres bergers qui furent les premiers à l'adorer et aux Mages qui le cherchèrent en suivant son étoile.

Pendant que le monde dort, le Philippin se lève à 2 heures du matin pour suivre les petites étoiles qui mènent à la crèche, pour arriver à temps à l’église pour la Misa de Gallo à 3 heures. Alors que le monde ignore la venue du Christ, le Philippin la prépare avec enthousiasme. Alors que les siens ne L'ont pas reçu, le Philippin annonce sans complexe au monde qu'Il vient et prépare un festin. Il n’a aucun doute : c’est le Messie. Le Philippin aime Dieu dès qu'il le voit si petit enfant dans la crèche. Alors que le monde rejette avec mépris cet enfant si pauvre, le Philippin l'adore de tout son cœur.

Le chant de Noël le plus populaire résume l'esprit philippin. "Ang Pasko ay sumapit" :


Noël est là, chantons de beaux cantiques car, de Dieu, nous recevons l'amour.

Lorsque le Christ est né, trois Mages sont venus et chacun lui a offert un cadeau unique.

Une nouvelle année est une nouvelle chance d’améliorer nos vies et alors notre société sera plus heureuse.

Combattons et persévérons pour que Dieu nous bénisse.

Chantons des chants joyeux pendant que le monde est silencieux.

Un Sauveur nous est né.

Aimons-nous les uns les autres, en suivant ses commandements divins dès maintenant !



ENGLISH VERSION


When in Europe or US, Christian communities are preparing Christmas , busy with buying gifts and thinking of which food they will eat on Christmas, on the other part of the world, in the Philippines, Christmas spirit is different: they are preparing Jesus’s birth in the poverty: the concern about gifts doesn’t exist, the daily rice and with luck some fish will be their festive meal . But joy stays: it is even greater, as we can read it below, with this testimony about the Christmas preparation. It is written by Yolly E. Gamutan, nurse and secretary of ACIM ASIA.


The devotion to the Holy Infant Jesus is the most lasting devotion that the Filipinos received from the Spaniards. Formerly divided as little tribal clans of pagan warriors, these people, separated per island or mountain range by cultural and language differences and quite distrustful of each other, upon receiving the Catholic Faith, became united under a common God and a common Ten Commandments and were removed from constant wars, piracy, witchcraft, sorcery and pagan superstitions and led to peace and progress. Tribalism and regionalism gave way to unity upon conversion. A statue of the Holy Infant Jesus, given by the Spaniards at the Baptism of the first Filipino converts, became central to their religion. Year after year, simple folks kneel before Him to present their spiritual and temporal needs, and dutifully acknowledge all the blessings they receive. Though the feast of the Santo Nino is grandiosely celebrated in different parts of the island on the feast of the Epiphany or on other dates, according to when they receive a statue of their own, there is one date that all Filipinos celebrate together to honor the Infant Jesus: on His wonderful Birth at Christmas.


Just as Saint Joseph and the Blessed Virgin Mary embarked on a slow and arduous journey to their ancestral land in Bethlehem before the birth of Christ, and just as the three Wise Men bravely followed His star over perilous terrain to offer homage to Him as King of all kings, undaunted by His being born in obscurity, so too, Filipinos – dispersed across the seas to the various islands and regions of the archipelago and beyond oceans to distant continents – begin planning for homecoming to rejoin their families each Christmas in anticipation of the birth of the Savior.

The call to come home is not a sound but it echoes clearly in the heart in the heat of July and August, in the middle of each tiresome year, when, exhausted from long labors in the workplaces or schools, every Filipino father, mother and child, working adult and studying youth, reviews the reason for the daily toils. Most, if not all, are making their sacrifices specifically for their family as a parental obligation or filial duty.

September rhymes with December and it brings with it the sweet hope that the most important Filipino values and traditions will once again reign. Conflicts will be resolved, forgiveness will be received, love will be demonstrated, and peace will be restored, because the Prince of Peace is coming, and everyone must oblige. Regions racked by communist insurgencies and Islamic terrorism will have ceasefire. Lands ravaged by typhoons and floods will be cleaned up and adorned with the beautiful simple Belen to reflect the contentment of the Holy Family in their blessed poverty. The gentleness of the Holy Infant will be the filial obedience of each child. The generosity of the Magi will be the charity of the rich. And joy and peace will be shared by all.

Contrary to popular misunderstanding, Filipinos do not celebrate Christmas on September, but they do enthusiastically prepare for Christmas on September, just as they prepare for the annual feast of the Santo Nino eleven months ahead. Filipinos understand that, as per calendar, Christmas is on December 25; nevertheless, hope brings the future into the present and nothing can dispel the joy of a future reconciliation, reunion, beneficence and gratitude.

That the Almighty King of heaven and earth is going to join the poverty of His unworthy creatures is the biggest wonder among Filipinos. That He leaves His glory and might behind to be born poor, to suffer and live with them, then to die to save them, unworthy creatures, to bring them to His everlasting Kingdom, is, for ordinary Filipinos, a greater wonder than His rising from the dead during which He simply demonstrates the Glory and Power that is always His but hides as He sees fit. If the Church leaders had not made strong efforts to stop the Filipino practice of actual crucifixions and public self-flagellations during the 40 Days of Lent, the prolonged joys of Christmas and its anticipation would have been balanced by the severe mortifications of Lent. But the Lent penances have been stopped and what remains is the Christmas exuberance.

For about 20 years already, public officials have been trying to lessen the exuberance by prohibiting caroling before December 16, the start of the Misa de Gallo, but the prohibition is only observed on public buildings and non-Catholic institutions. Little children, beggars and well-wishers still start singing carols and receive cash or food gifts from good Christians starting September 1 in the spirit of charity. Christmas lanterns, trees and gifts are displayed in the markets and shopping stores and Christmas songs are played to remind people that their riches are nothing if they cannot help the poor or if they cannot fix their broken relationships with God and with fellow men.

Once, when poor children were showing their Nativity Play, a European was among the audience. He wondered why the angels were so happy as they sang of the birth of the Savior on the poor manger. He could not understand the joy of the children as, he said, the original Christmas was a sad event. Ah, but the child angels were very poor, and their families had no homes of their own, and the sight of the simple birth of the Savior in a little shelter did not make them sad but only made them love Him more for daring to share in their own poverty. He truly is "God with us" - Emmanuel. They imagined the heavenly angels singing “Gloria in excelsis Deo” with joy and exultation as the Messiah finally came to save problematic families like theirs from materialistic discontent and quarrels.

Cheap Christmas lights, plastic trees and various rice cakes of themselves do not make the Filipinos joyful on Christmas, it is the coming of the Savior Who preached forgiveness and simplicity, and the expectation of turning back to God and practicing the Faith together with loved ones, shivering with them on the dawn mist to plod their muddy way to the church daily for 9 days, praying together, asking forgiveness and receiving mercy, sharing a simple meal of reconciliation, and renewing the harmony between the family and God that gives joy so real that its anticipation already lights up the heart a hundred days before it happens.

The barrenness of the manger does not sadden the poor Filipino, it only gives him a blessed peace. Even in the post-typhoon tragedies and darkness that yearly beset many parts of the country, Filipinos easily find joy in singing Christmas carols, sipping hot noodles and eating rice sprinkled with sardines as long as they are able to come to Misa de Gallo, walk down the streets that twinkle with little lights leading to the simple Belen, and sing after the Christmas Mass with all their hearts: “Joy to the world, the Lord is come! Let earth receive her King. Let every heart prepare Him room! And heaven and nature sing!”

The western world recognizes the Divinity of Christ at His Resurrection. The Filipino acknowledges His Godhead at His Birth, identifying himself with the poor shepherds who were first to adore Him and the oriental Magi who painstakingly sought Him after seeing His Star. While the world sleeps, the Filipino rises at 2AM to follow the little stars that lead to the Belen, to be in the Church for the Misa de Gallo at 3AM (because only a sluggard would arrive at 4AM then find himself unable to enter because the church would then already be overflowing with people). While the world ignores His coming, the Filipino makes up for it by preparing for His coming with gusto. While His own received Him not, the Filipino unabashedly announces to the world that He is coming and prepares a feast because there is no doubt that He is the Messiah. The Filipino loves God at the first sight of Him as a Babe in the manger. While the world disdainfully rejects the Babe born so poorly, the Filipino adores Him wholeheartedly.

The most popular Filipino carol sums up the Filipino spirit. “Ang Pasko ay sumapit”:


Christmas is here, let us sing beautiful carols because from God we receive Love.

When Christ was born, three Wise Men came and each of them offered Him a unique gift.

A new year is a new chance given to us to change our lives for the better then our society will be happy.

Let us strive and persevere that God may bless us.

Let us sing joyful songs while the world is silent.

The Savior from heaven is born for us.

Let us love, following His golden Commandments.

And from now on, even beyond Christmas season, let us love generously!




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