Le 28 août 2020, après plusieurs années de souffrance, le docteur Dickès a été rappelé à Dieu. Il est mort le jour de la fête de saint Augustin, symbole évident pour nous qui l’avons connu : en effet, les Pères Augustins furent les premiers missionnaires à venir s’implanter aux Philippines au XVIe siècle, et leur emblème est le cœur brûlant de la charité. Quoi de mieux pour évoquer le zèle du docteur tout au long de sa vie ?
Après une carrière de médecin dévoué et militant, il a créé la mission Rosa Mystica, car il lui était impossible d’envisager sa retraite sans continuer à se donner pour les autres. C’est d’abord monsieur l’abbé Couture qui l’a fait venir aux Philippines pour des conférences de bioéthique, à la suite desquelles le docteur Dickès a participé à une petite mission locale que la Fraternité Saint Pie X organisait avec des médecins locaux. Ce fut le coup de foudre : le docteur et son épouse ont été conquis par la gentillesse et la résignation des Philippins, malgré leur extrême pauvreté. Il fallait faire quelque chose pour ce peuple : la mission Rosa Mystica était née. Et c’est ainsi qu’il s’est peu à peu usé la santé pour eux, entre conférences dans toute la France pour récolter des fonds, et semaines de mission épuisantes chaque année depuis 2006. Il y a trois ans, quand il est allé aux Philippines pour la dernière fois, il a commencé par passer deux jours à la clinique de General Santos, tant le voyage avait épuisé ses forces ; ses enfants avaient d’ailleurs essayé, en vain, de le dissuader de partir. Trop de corps et d’âmes en détresse l’attendaient, sa place était là-bas !
Sa vie a été belle, car son idéal était beau. Malgré les nombreuses épreuves qui ont jalonné son chemin, il n’a cessé de poursuivre son ascension vers Dieu, en entraînant derrière lui des myriades de Philippins. Tout médecin qu’il était, la mission Rosa Mystica n’avait pas de sens pour lui si elle se réduisait à soigner les corps de ses patients. Avec son esprit missionnaire, il savait qu’un corps souffrant doit d’abord être apaisé et soigné pour que l’âme puisse être attentive au message du prêtre : c’est là que commençait véritablement l’oeuvre de la mission. De son côté, en plus des longues journées de consultation dans des espaces souvent confinés et bruyants, il n’aurait manqué pour rien au monde la messe et le chapelet. Quant à sa méditation du matin, il en parlait avec une simplicité déconcertante, comme d’un moment béni où le Bon Dieu lui faisait l’honneur de passer du temps avec lui.
« Ora et labora », ainsi s’explique le secret de sa réussite. Merci, cher docteur, pour cet exemple inoubliable de charité qui a marqué tant de volontaires. Puisse votre belle œuvre de miséricorde se poursuivre longtemps sous le regard de Rosa Mystica et gagner de nombreuses âmes à Dieu. Nous confions votre éternité à la Providence, et n’oublions pas de prier pour votre admirable épouse, qui fut si dévouée à vos côtés.
Jeanne de Vencay
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